Teddy Riner battu en final.... Et soudain la cabane est tombée sur le chien, comme aurait dit un illustre confrère. Teddy dominateur, Teddy déjà superstar, Teddy vainqueur assez facile de Takahashi et du grand Tachiyama, n’avait plus qu’à faire une bouchée du dernier et peut-être le moins impressionnant de ses adversaires japonais, Daiki Kamikawa, un faux indolent au gabarit presque modeste, champion d’Asie 2007 et très discret en seniors. Dans la poche, d’autant que celui-ci avait pris soin de le débarrasser de son rival le plus dangereux peut-être, le brillant et vieillissant Suzuki, sur une confusion droite gauche qui avait mis « l’ancien » dans le vent. Pourtant il fut battu. Comment est-ce possible ? Tout le combat, il fut à sa main, décidant rapidement de sa stratégie après une première pénalité tombée sur la tête de son adversaire nippon : le sortir par sanction. Cela d’autant que sur ses rares attaques fortes, le Français put mesurer que son adversaire, droit comme un i, n’était pas si facile à déstabiliser. En revanche sa pression en garde croisée, sa main droite très haute dans le dos de l’adversaire affirmait sa domination physique et tactique sur le Japonais. Quoique… Toujours à la limite de la seconde pénalité, Kamikawa ne la prit jamais, sans doute un peu parce que nous sommes au Japon, mais aussi parce que la pénalité pour non-combativité était peu à la mode sur ce championnat, et en particulier sur cette compétition open. De plus Kamikawa sut impressionner favorablement par des explosions peu fréquentes, mais toujours fortes et dangereuses. Au golden score, Teddy insistait sur cette tactique et ce fut son erreur, montant sa main en croisée, ce qui allait se retourner contre lui : Kamikawa sortait soudain des répliques en sasae qui faisaient frémir les Français dans la salle. À quelques secondes de la fin, le champion du monde poids lourds réalisait soudain qui avait la tête sur le billot. Une décision difficile, au Japon contre un Japonais. Ses dernières attaques en sumi-gaeshi trop imprécises n’y firent rien. En se relevant sur le gong, on pouvait lire des doutes sur son visage, mais la sanction fut très amère, très brutale : deux drapeaux à un pour son adversaire, un grand rêve de gloire venait de passer. Source: Esprit du judo